MARTIAL Sinda

Né en 1935 à M’Bamou-Sinda, région de Kinkala au Congo-Brazzaville. Il est le fils du chef Sinda Mantsamou. Ce dernier épousa les thèses de l’Amicale des originaires de l’Afrique Équatoriale française d’André Grenard Matsoua, laquelle dénonce, dés les années 1920, les exactions coloniales et réclame plus d’auto-gestion pour le peuple Kongo.

Pour égaler les Blancs, le chef Sinda inscrit son fils Martial dans l’élitiste “école des Blancs” (réservée exclusivement aux Blancs, mais acceptant quelques fils de chef) avant de l’envoyer poursuivre ses études secondaires en France en 1948 dans le Collège de La Châtre dans l’Indre. Suivront des études supérieures en histoire et sociologie à la Sorbonne et à l’École des hautes études en sciences sociales. Elles sont couronnées, en Sorbonne en 1961, par une thèse de doctorat ès lettres pionnière - à visée interdisciplinaire, - sur l’histoire des mouvements messianiques dans les deux Congo et en Angola, dont il est le spécialiste incontournable.

Avec son ouvrage universitaire de référence Le messianisme congolais, et ses incidences politiques (Payot, 1972), Martial Sinda est récipiendaire du Prix Georges Bruel 1974, de l’Académie des sciences d’Outre-Mer.

Après avoir enseigné dans les cursus d’histoire, de lettres, et d’économie dans les universités du Sénégal, de Côte d’Ivoire et du Niger, Martial Sinda réintègre l’université française où il achève sa carrière d’universitaire. Il est actuellement professeur honoraire d’histoire contemporaine à la Sorbonne-Nouvelle. Il a été élévé par la France au rang de Chevalier des Palmes Académiques, et par RDC (République démocratique du Congo) au rang de docteur Honoris causa de l’Université Simon Kimbangu en 2011. Il est le premier à recevoir ce titre honorifique.

Sur le plan littéraire, Martial Sinda est l’auteur de Premier Chant du départ (Seghers, 1955), premier recueil de poèmes publié par un Aéfien (ressortissant de la Fédération de 4 colonies d’Afrique centrale : Gabon, Moyen-Congo, Tchad, Oubangui-Chari). L’année Suivante, en 1956, pour son recueil, il est lauréat du Grand Prix Littéraire de l’AEF. Cette distinction est remise pour la première fois à un Noir. Martrial Sinda a fait également un important travail de traducteur, du kikongo au français, des chants révoltés et identitaires kimbanguistes (RDC) et matsouanistes (Congo).