Le 20 décembre, une date anniversaire particulière

Célébrée depuis le 20 décembre 1983, la fête de la liberté, encore appelée Fêt Kaf, commémore la fin de l’esclavage à l’Ile Bourbon, instituée le 20 décembre 1848. Ce jour férié de notre département est l’occasion de se remémorer la libération de 62 000 esclaves parmi les 100 000 habitants que comptait alors l’île. Cette nouvelle est annoncée par le commissaire de la République Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga après plusieurs mois de négociation avec les colons de l’île, qui depuis 1794, refusent l’application de ce décret décidé par l’assemblée nationale à l’instigation sous la convention. Napoléon le rétablit en 1802 et il faut attendre encore plusieurs décennies pour que cette mesure qui bouleverse l’île se pérennise. De nombreux débats entre abolitionnistes et défenseurs des intérêts coloniaux opposent les deux camps. A partir de 1840, des ordonnances améliorent la condition servile, par la possibilité offerte aux enfants de suivre un enseignement gratuit dans les écoles, une limitation du temps de travail quotidien limité à 9h et demie, l’ouverture au droit de la propriété. En 1846, les fers et la chaîne sont interdits, amélioration des logements de la nourriture  et d’l’habillement.

En ce 20 décembre 1848, les esclaves accepteront encore de terminer gratuitement la coupe de cannes avant leur libération ainsi que les colons l’ont négocié avec le représentant de la république. Une indemnité leur sera aussi accordée pour la perte de cette main-d'œuvre gratuite. C’est aussi en ce jour particulier que les esclaves auront le droit de porter un nom, transformant « ces biens meubles » reconnus grâce à un matricule, en être humains. Des registres avaient été ouverts pour enregistrer ces nouveaux noms qui seront souvent fantaisistes. Le code noir est aussi aboli et les Marrons dans les Hauts de l’île sont reconnus officiellement libres, mais le travail reste obligatoire pour les affranchis.

Mais comment concilier liberté coloniale et société servile ? Beaucoup de colons privés de leurs esclaves risquent la ruine. C’est toute la force de Sarda Garriga que de réussir à concilier ces extrêmes dans une situation économique et politique tendue. « La liberté est assortie de devoirs » en maintenant la force du travail chez les nouveaux libres. « Je vous ai trouvés bons et obéissants, écrit Sarda-Garriga, je compte sur vous…Que votre devise soit toujours : Dieu, la France et le travail ! » Ce premier 20 décembre ne sera donc pas si joyeux…

Qu’en est-il aujourd’hui ? Les kabars se succèdent sur les places publiques ou au fond des cours. L’occasion de tourner la page à ce passé douloureux ou de seulement faire la fête « la fête Kaf » sans qu’il y ait de débat, réflexion sur la situation de notre île où les perdants restent encore une fois les descendants des esclaves, exclus pour un grand nombre de la réussite sociale et économique.

Référence :

L 'histoire de la Réunion, Des origines à 1848 Daniel Vaxelaire Aux Editions Orphie 2016

Le mémorial de la Réunion 1868 – 1848 – Daniel Vaxelaire – Australe Editions 1979