Les Etats-Unis en Guyane

Cet ouvrage est basé sur un mémoire de Master II soutenu à la Sorbonne en 2018 et qui a été sélectionné parmi les « meilleurs mémoires de l’année » par l’institut Pierre Renouvin.

Il s’agit, ici, d’explorer la stratégie américaine en Guyane pendant la Seconde Guerre mondiale, sous le régime de Vichy, stratégie qui consistait en la construction de la piste du Galion, aérodrome commercial, sur ce territoire, par le biais de la Panamerican Airways, complétant ainsi le réseau sudaméricain existant.

Ce projet sera le point de départ de la présence des Etats-Unis en Guyane mais sa réalisation connaitra bien des obstacles : l’édification de l’aéroport militaire de Rochambeau fut laborieuse et l’ingénieur Harvey Blalock, chargé de sa construction, fut, non seulement victime d’un jeu de réticences administratives, mais aussi confronté à des difficultés telles que la barrière de la langue, les différences culturelles, les tribulations liées au climat, aux maladies et à une main d’œuvre aléatoire.

Cependant l’aéroport finit par voir le jour, entraînant l’installation d’une petite colonie américaine.

Le plan Gallion

Washington, tout en soutenant discrètement la politique diplomatique internationale du régime de Vichy, jouera alors un rôle crucial, aussi bien dans le ralliement de la Guyane à la France Libre, que dans la participation des Guyanais à l’effort de guerre.

De plus, cet ouvrage propose un peu d’histoire sociale : il passe en revue les représentations américaines de la Guyane dans la presse, la littérature et l’industrie cinématographique de 1920 à la fin des années 1940. Ces perceptions ont notamment donné naissance au mythe de Devil’s Island, essentialisant les pénitenciers guyanais à l’Ile du Diable.

En diffusant ces récits, photographies et films, les Américains influencèrent l’opinion internationale en dénonçant cette pratique de détention par les Français, critiques qui résonnèrent d’autant plus que toutes les représentations du bagne devaient alors passer par la censure de la France.

Les sources guyanaises, plutôt rares, ont été complétées par le dépouillement d’archives américaines consultées, respectivement, dans les bibliothèques des universités de Miami et de Stanford. De surcroit, des témoignages oraux ont été recueillis, notamment celui de Emile Blanc, mandaté par l’aviation civile pour récupérer l’aéroport de Rochambeau des mains des Américains en 1949, et celui du guyanais Simon Raad, cinéphile averti, dont l’érudition fut précieuse pour la sélection des films américains.

Camp Américain
Black Martinique - Red Guiana

Il faut enfin noter que le « fil rouge » de cette étude est la traduction d’un livre intitulé Black Martinique – Red Guiana, qui relate, presque comme un journal, les deux voyages en Guyane de Nicol Smith, aventurier, écrivain et futur agent secret, d’abord en 1933 puis en 1941 sous le régime de Vichy. Cet ouvrage autobiographique se révèle, au fil des pages, d’un intérêt historique certain. En effet, les frontières guyanaises étant fermées aux étrangers pendant la période vichyssoise, Nicol Smith devient alors un témoin privilégié ainsi qu’une source inédite et originale dont le récit enrichit cette recherche de façon pertinente et colorée.

La traduction de Black Martinique – Red Guiana sera également publiée aux éditions Ibis Rouge.